Etude des tiques (Ixodidae) et des piroplasmoses bovines dans la région de Tiaret

Abstract

Les tiques Ixodidés et les piroplasmoses bovines représentent un enjeu économique majeur pour l’élevage en Algérie. La présente étude, réalisée dans la wilaya de Tiaret entre mai 2022 et août 2024, s’intéresse à l’infestation par les tiques Ixodidés ainsi qu’aux infections à piroplasmes chez les bovins. Elle vise à identifier les tiques Ixodidés adultes parasitant les bovins, à évaluer les principaux paramètres parasitologiques, et à étudier leur répartition saisonnière ainsi que leurs sites de fixation préférentiels. L’étude cherche également à détecter les infections à Babesia spp. et Theileria spp. par un examen microscopique de frottis sanguins colorés au MGG, tout en analysant les facteurs de risque associés. Dans la première partie de cette étude, l’identification des tiques collectées sur les bovins a révélé une prévalence totale d’infestation de 34,07 % (108/317), affectant plus d’un tiers des animaux. Au total, 1 752 tiques adultes ont été collectées et identifiées, réparties en trois genres : Hyalomma (91,72 %), Rhipicephalus (8,22 %) et Dermacentor (0,06 %). H. excavatum était l’espèce prédominante (43,78 %). L’indice de discordance (D) a révélé une forte hétérogénéité saisonnière dans l’agrégation des tiques. Une variation hautement significative dans la répartition communale a été observée pour H. excavatum, H. marginatum, H. lusitanicum, H. scupense, H. impeltatum, R. bursa et R. (Boophilus) annulatus (p < 0,001). L’abondance des tiques Ixodidés adultes a atteint son pic en été (38,01 %) et son niveau le plus bas en automne (17,29 %). Des variations saisonnières hautement significatives ont été observées pour H. excavatum, H. marginatum, H. lusitanicum et R. bursa (p < 0,001). La zone 5, englobant le sternum, l’abdomen, la mamelle, le scrotum et les faces internes des membres postérieurs, a concentré la majorité des infestations (95,43 %), tandis que la zone 1 (tête et oreilles) a enregistré une infestation minimale de seulement 0,06 %. Dans la seconde partie de l’étude, l’examen microscopique a révélé une prévalence globale d’infection de 30,41 % (45/148), incluant des infections uniques et des co-infections. Les infections uniques représentaient 33,3 % des cas, avec A. marginale (26,7 %), B. bovis (2,2 %) et T. annulata (4,4 %). Les co-infections étaient majoritaires (66,67 %), les principales associations étant A. marginale / B. bovis (22,2 %), B. bovis / T. annulata (15,6 %) et A. marginale / B. bovis / T. annulata (17,8 %). La prévalence des hémoparasites était plus élevée chez les bovins de plus de 3 ans (32,14 %), avec une forte présence de co-infections. Elle était également plus marquée chez les femelles (28,21 %). Les bovins croisés présentaient les taux d’infection les plus élevés, notamment pour A. marginale (37,5 %), tandis que les bovins locaux semblaient plus résistants. Par ailleurs, les taux d’infection augmentaient en saison chaude, avec A. marginale détecté chez 19,23 % des animaux, confirmant l’influence des conditions climatiques sur la transmission des hémoparasites. Ces résultats mettent en évidence une large distribution des tiques Ixodidés et des hémoparasites transmis par ces vecteurs chez les bovins dans la région de Tiaret, avec une association marquée aux facteurs climatiques, géographiques ainsi qu’aux caractéristiques individuelles des animaux. L’étude recommande l’adoption d’une stratégie préventive intégrée, reposant sur l’utilisation d’acaricides efficaces, l’amélioration des pratiques de gestion des pâturages, ainsi qu’un suivi régulier des infections, en vue de limiter les impacts sanitaires et économiques de ces parasites