Evaluation des enjeux sanitaires, et environnementaux liés à la réutilisation des eaux usées dans l’agriculture urbaine: cas du barrage de Dahmouni (Tiaret, Algérie).

Abstract

La présente étude évalue les risques cytotoxiques et génotoxiques des eaux polluées dans la région de Tiaret, en Algérie, en intégrant la qualité des sources d'eau afin de suivre les impacts des polluants, des rejets municipaux non traités à l'irrigation agricole, à l'aide du bio-essai d’Allium cepa. Les résultats ont montré qu’en général, les eaux brutes, riches en nutriments, présentent des niveaux élevés de pollution et une faible oxygénation. Les eaux épurées montrent une nette amélioration de la qualité, notamment par la réduction de la charge organique et des matières en suspension. Toutefois, certains paramètres dépassent parfois les seuils réglementaires. Les eaux du milieu récepteur et en particulier celle du barrage présentent une qualité physico-chimique nettement meilleure, notamment une bonne oxygénation, des concentrations faibles en azote ammoniacal, en matières en suspension et demande en oxygène et repend parfaitement aux normes de réutilisation agricole. Les résultats ont révélé une cytotoxicité et une génotoxicité significativement élevée (≥ 15 % d'aberrations) des eaux brutes, provoquant une inhibition sévère de la croissance racinaire (réduction de 62 à 72 %), concomitante à des indices mitotiques élevés (26,96 à 27,9 %) et à un taux d’aberrations chromosomiques élevé. La génotoxicité est modérée (5 à 15 %) dans les eaux traitées, eau d’Oued et faible (< 5 %) pour les eaux de barrage, avec des pics saisonniers de génotoxicité survenus dans l'hiver soulignant les inquiétudes concernant l'élimination incomplète des polluants pendant le traitement des eaux usées. Ces résultats dévoilent les limites des traitements conventionnels pour atténuer toxicité des eaux traitées. Cette étude souligne l'urgence d'une gestion adaptative de l'eau et de mesures réglementaires strictes dans les régions semi-arides dépendantes de l'eau contaminée pour les usages humains et pour l'agriculture.