Etude ethnobotanique, phytochimique et activités biologiques de quelques plantes Utilisées contre le cancer dans la phytothérapie traditionnelle en Algérie.

Abstract

Le cancer est l'une des maladies les plus meurtrières au monde, en particulier dans les pays non développés où les traitements modernes ne sont pas accessibles à tous. Étant la première du genre en Algérie, cette recherche vise à documenter les plantes médicinales utilisées par les patients pour lutter contre le cancer dans le Nord-Ouest de l'Algérie. Ces plantes et leurs usages spécifiques sont analysés pour mettre en évidence les lacunes des connaissances scientifiques et de la recherche sur cette maladie. Les données ont été recueillies par le biais d'enquêtes ethnobotaniques impliquant 211 patients atteints de cancer dans les hôpitaux (services d'oncologie médicale) dans deux des plus grandes provinces du Nord-Ouest de l'Algérie (Tiaret et Tlemcen). Des entretiens structurés ont permis de mettre en exergue le profil socio-économique des informateurs ainsi que les plantes et leurs utilisations comme traitement de différents types de cancer. Les données ont été organisées en rapports d'utilisation (UR), tandis que le facteur de consensus de l'informateur (ICF) a été calculé pour évaluer l'accord entre les informateurs. Les patients investigués étaient majoritairement des femmes d'âge moyen (40-50 ans) et analphabètes. Au total, 53 plantes médicinales utilisées contre plusieurs types de cancer ont été recensées. Ces plantes sont dominées par les Lamiacées, les Apiacées et les Rosacées. Les feuilles et la poudre de plantes sont le plus souvent utilisées dans des préparations traditionnelles, souvent mélangées à du miel. Les plantes les plus souvent citées dans l'enquête étaient Aristolochia longa, Aquilaria malacsensis et Ephedra alata subsp. alenda, tandis que les cancers les plus souvent traités étaient ceux du sein, du col de l'utérus, colorectal et de l'estomac. La comparaison des résultats avec les données des pays voisins a permis d’identifier 23 plantes non connues pour traiter les cancers en Afrique du Nord, tandis que 25 plantes déjà connues comme traitement de certains cancers ont été citées ici pour traiter de nouveaux types spécifiques de cette maladie. L’exploration phytochimiques et biologiques des 3 plantes les plus citées dans l’enquête a été envisagée à travers les activités biologique, antioxydante, antibactéienne, antifongique par les méthodes DPPH, ABTS, CUPRAC et Phenanthroline, la diffusion par disques et puits. Les analyses biologiques ont montré un extrême effet antimicrobien d’Aquilaria malacsensis et Aristolochia longa sur Salmonella enterica, Staphyloccus aureus, Escherichia coli, Bacillus subtilis et Candida albicans (DZI entre 11 et 28 mm). L’analyse de la composition phénolique des extraits polaires obtenus par HPLC, ainsi que la détermination des effets antioxydants, par les méthodes DPPH, ABTS, montre une forte richesse des extraits éthanoliques en composés phénoliques, principalement la myricétine, l'épicatéchine, la génistéine et la caféine. Ces composés sont principalement responsables de la remarquable activité antioxydante observée dans les essais.