Ecologie des Chiroptères dans quelques biotopes en Algérie occidentale.

Abstract

La présente contribution a permis d’éclaircir plusieurs éléments originaux sur la répartition et l’écologie des Chiroptères. Ce travail a apporté la présence inédite de Rhinopoma microphyllum en Algérie, la première contribution à l’identification des cris d’écholocation des chauves-souris d’Algérie, la mise en évidence de l’influence des étages bioclimatiques sur les peuplements de ces espèces dans l’ouest algérien et des habitats utilisés par les Chiroptères dans un environnement aride. Il a aussi permis d’aborder les stratégies adaptatives des espèces sahariennes à travers l’étude des variations saisonnières du régime alimentaire d’Asellia tridens dans le Sahara central. L’inventaire des chauves-souris par la recherche de gîtes, la capture au filet et la détection ultrasonore dans les différents biotopes prospectés a permis de recenser 15 espèces (10 par capture, 15 par détection ultrasonore). Ce premier travail d’identification acoustique des espèces de Chiroptères d’Algérie a permis de mettre en évidence des particularités acoustiques qui offrent des possibilités de détermination de chaque espèce de chauves-souris sur le terrain. Nos suivis acoustiques menés à Tiaret et Bechar confirment la pauvreté des Hauts Plateaux en Chiroptères avec seulement 7 espèces (25% du peuplement algérien) et une activité réduite, au moins une partie de l’année. En décembre et janvier, aucune activité n’a été enregistrée, les basses températures induisant l’hibernation. Avec une richesse spécifique de 11 espèces à Bechar (40% du peuplement algérien), les Chiroptères ont été considérablement actifs durant la période d’étude avec deux pics d’activité au printemps et en automne. Le premier pic vers la fin avril coïncide avec la périodes de gestation. Après une activité assez faible en août, le deuxième pic en octobre pourrait être lié à la période des accouplements, mais assurément au stockage de réserves après un été sec et chaud. Les grosses chaleurs de l’Atlas saharien semblent induire une léthargie estivale suite aux températures élevées. L’oasis, les points d’eau et l’éclairage urbain concentrent l’activité des Chiroptères. L’examen des restes de proies dans le guano a permis de classer le Trident du désert parmi les prédateurs généralistes et opportunistes. En effet les variations saisonnières du régime alimentaire d’Asellia tridens dans le Sahara central sont le reflet d’une chasse opportuniste même si le Trident du désert consomme principalement de grosses proies terrestres, Coléoptères et Orthoptères.